Changement de moissonneuse-batteuse à la CUMA de la Petite Seille (Moselle)
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Frédéric Poinsignon croit au modèle Cuma. D’une Cuma disposant de quelques matériels de travail du sol en 2010, petit à petit, la Cuma a acquis du matériel de plus en plus diversifié et de plus en plus performant. Mais cette année, elle a passé un cap. À la faveur de changements dans l’organisation de certaines exploitations de la Cuma, les adhérents se sont réunis afin d’étudier la possibilité d’investir dans une moissonneuse batteuse.
Dans un contexte d’inflation importante, de diversification des cultures et dans un secteur où l’on fait historiquement appel à l’entreprise pour ses chantiers, cet achat ne passe pas inaperçu.
C’est en général la démarche inverse, que l’on observe. Bon nombre de Cuma font le choix de se passer de la section moisson, souvent historique. C’est en effet des sections où l’on laissait le matériel vieillir, parfois bien au-delà de la durée d’amortissement. Avec l’augmentation des tarifs d’achats des nouveaux matériels, cela crée une augmentation du coût de revient très importante et difficile à envisager pour bon nombre d’adhérents. De même, la complexité à renouveler les adhérents dans ce type de sections en général « fermées », et le départ en retraite des anciens, ne permet souvent plus d’avoir suffisamment d’hectares à moissonner. De ce fait, les Cuma ayant investi dans un matériel cohérent à l’époque, se retrouvent avec du matériel surdimensionné. Et il n’est pas toujours évident de se dire que l’on va renouveler ce matériel par un matériel de plus faible capacité.
Afin de raisonner son investissement au mieux, la Cuma a défini une liste de critères par ordre d’importance. Ainsi, ils se sont fixé un montant d’annuité à ne pas dépasser et ont contacté différents concessionnaires afin de faire jouer la concurrence.
Le dimensionnement était le second critère. Compte tenu du tarif, le groupe était prêt à dimensionner la machine au plus proche des besoins d’une année « classique ». C’est-à-dire qu’elle devait pouvoir assurer la totalité de la moisson dans de bonnes conditions lorsque la météo était favorable. Il arrivera donc qu’une année sur 3 ou sur 5, la Cuma doive faire appel à une solution de repli. C’est pour cela que certains adhérents ont conservé leur ancien matériel et que l’établissement d’une caisse de péréquation sera étudié.
Le choix de la marque n’étant ici pas primordial, mais tout de même pris en compte afin d’assurer la revente du matériel à un tarif cohérent.
Au final, le choix s’est fait sur une machine de location, avec une campagne au compteur, 5 secoueurs et 7,60m de largeur. Ce choix était cohérent au vu de la surface à moissonner : 460 ha, mais surtout, la diversité des types de productions, avec la moitié des hectares en bio, leur permettant d’allonger la durée de la moisson, ce qui constitue un avantage.
Mais la réelle nouveauté, pour la Cuma de la Petite Seille, c’est avant tout le recours à un chauffeur pour conduire la machine. C’est un vrai pas en avant pour cette Cuma qui peinait à laisser attelé les tracteurs de la Cuma devant le matériel et encore plus, organiser des chantiers en commun. Mais c’est surtout une vraie réussite. Un vrai gain de temps et de précieuses économies à la clef.
« Cela me fait bizarre, raconte Frédéric, j’étais habitué à courir de tous les côtés lors des précédentes moissons, et me voilà avec des journées libres, où la moissonneuse est sur les parcelles d’autres adhérents. Et pourtant, j’ai fini la moisson ! ». « Un chauffeur, c’est un vrai gain en qualité de vie et une source de stress qui s’envole !
« Nous avons opté pour un fonctionnement mixte ». Enchaine François Guillaume, Président récemment élut de la Cuma et responsable de la section moisson. Les adhérents remplacent le chauffeur régulièrement. Par contre, pour l’entretien, il n’y a que lui qui touche au matériel, car c’est la partie la plus technique.»
« Nous sommes également contents de l’organisation des chantiers », continue François. « J’organise les tournées et j’ai une bonne vision des parcelles à moissonner, notamment grâce au système de suivi du matériel en temps réel dans la parcelle. Etant donné que nous avons des cultures en bio et en conventionnel, les débits de chantiers ne sont pas les mêmes. C’est un outil d’aide à la décision très utile pour optimiser les chantiers.
« Je fais également en sorte que chaque adhérent ait le même pourcentage de moisson effectué, tout en organisant les tournées au mieux afin de gagner un maximum de temps sur la route. Cela nécessite parfois quelques sacrifices, comme laisser tomber certaines parcelles pour aller en moissonner d’autres ou accepter de finir la moisson un peu plus tard. Mais si chacun joue le jeu, tout le monde sera gagnant à la fin. »
Après une campagne d’utilisation et plus de 400 ha de moissonnés, entre bio et conventionnels, l’expérience est plus que positive : « nous avons fini notre moisson dans les temps, nous avons gagné du temps sur d’autres chantiers, nous avons gagné en qualité de récolte, et tout cela à un tarif plus que raisonnable à notre goût. »
« Nous réfléchissons déjà à des pistes d’évolution pour les prochaines campagnes : Avec la présence d’une barre de semis, de tracteurs équipés de GPS, d’un épandeur à engrais et d’une moissonneuse capable de réaliser des cartographies de rendement. Grâce à la Cuma, nous sommes équipés pour faire de la modulation d’intrants et potentiellement réaliser encore plus d’économies ! »
Quentin VAN CAMP
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