Les bâtiments collectifs en CUMA ne sont pas seulement des infrastructures techniques : ils constituent de véritables outils stratégiques pour relever les défis auxquels fait face le monde agricole. Ils facilitent l’installation de nouveaux actifs, renforcent la résilience des exploitations, améliorent la durabilité des pratiques et contribuent au dynamisme des territoires ruraux.

Le développement de bâtiments multifonctionnels collectifs en CUMA répond aujourd’hui à des enjeux cruciaux. L’agriculture traverse une période marquée par plusieurs tensions : le vieillissement des actifs agricoles, des contraintes économiques fortes, la difficulté d’installation des jeunes générations, la nécessité d’adopter des pratiques plus durables et enfin l’urgence de renforcer l’attractivité d’un métier essentiel, mais en perte de vitesse. Dans ce contexte, ces projets collectifs apparaissent comme une réponse concrète et innovante.

Les bâtiments multifonctionnels en collectif combinent des bénéfices multiples

• techniques, en mutualisant les outils et infrastructures,
• économiques, en réduisant les coûts et en diversifiant les sources de revenus,
• environnementaux, en limitant l’empreinte foncière et en intégrant des solutions énergétiques durables,
• sociaux, en améliorant la qualité de vie au travail et en renforçant les liens de coopération.

Ces projets jouent aussi un rôle déterminant dans le développement du salariat agricole collectif. En centralisant des activités et des infrastructures, ils créent des conditions favorables à l’embauche de salarié·es partagé·es, offrant de nouvelles perspectives d’organisation du travail et contribuant à rendre les métiers agricoles plus attractifs.

Ces bâtiments sont également des espaces de transmission et de partage. Ils permettent aux agriculteur·rices d’un territoire de mutualiser leurs moyens, mais aussi leurs savoir-faire. Leur mise en place constitue un véritable levier collectif : elle transforme une CUMA en collectif de développement. Autrement dit, ces infrastructures agissent comme des catalyseurs : elles structurent les dynamiques locales, stimulent l’innovation et renforcent la résilience des exploitations face aux aléas.

Tous les projets de bâtiments collectifs ne se ressemblent pas : certains bâtiments collectifs accueillent des ateliers de mécanique, des espaces de stockage, des bureaux, des salles de réunion et de convivialité. Ils accueillent des étudiant·es, des formations, visent à structurer la vente directe etc. Cette diversité illustre la capacité des bâtiments collectifs à générer des initiatives locales autour de la mutualisation des ressources. Chaque projet devient ainsi une plateforme où s’expérimentent des pratiques agricoles et organisationnelles nouvelles, où se diffusent des innovations et où se tissent des liens intergénérationnels et de solidarités.

Au-delà de leur fonction agricole immédiate, les bâtiments collectifs en CUMA s’affirment comme de véritables supports de projets de territoire. Ils constituent des lieux de rencontre et de coopération entre différentes structures – coopératives, associations, sociétés (SASU, SCIC, etc.) – et favorisent ainsi la mise en réseau des acteurs locaux. Leur ouverture dépasse le cercle des adhérents : ces bâtiments sont souvent accessibles à des agriculteur·ices qui ne sont pas forcément membres d’une CUMA, renforçant encore leur rôle de carrefour territorial et d’outil au service du collectif élargi.

Dans la région Grand Est, ces projets sont appelés à se multiplier. Ces bâtiments ne se limitent pas à répondre à un besoin technique immédiat : ils s’inscrivent dans une vision de long terme. Ils participent à la diversification et à la sécurisation des revenus agricoles grâce, notamment, au développement de l’énergie photovoltaïque, tout en favorisant la transition agroécologique.

À travers eux, les agriculteur·rices inventent des modèles plus solidaires, plus durables et plus attractifs pour les générations futures. Ces bâtiments collectifs incarnent ainsi une nouvelle manière de penser l’agriculture, où l’efficacité économique, la durabilité environnementale et la vitalité sociale se conjuguent pour répondre aux défis de demain.

Dynamique des projets dans le Grand Est

*chiffres novembre 2025

Les bâtiments collectifs en CUMA ne sont pas un phénomène nouveau. En Grand Est, les premiers apparaissent dès les années quatre-vingts. Particulièrement adaptés aux enjeux agricoles et à ceux des CUMA, ils se multiplient. Un tiers des bâtiments en Grand Est ont moins de cinq ans.   

Comment la FRCUMA accompagne un projet de bâtiment collectif ?

La FRCUMA Grand Est accompagne ses adhérent·es dans l’émergence et la concrétisation des projets de bâtiments collectifs. Son accompagnement repose sur plusieurs étapes complémentaires :

1. Animation et structuration collective

• Facilitation du dialogue entre les agriculteur·rices membres d’une CUMA
• Aide à la définition des besoins communs et des objectifs du projet.
• Appui à la formalisation du fonctionnement collectif (organisation, gouvernance, mutualisation des tâches).

2. Dimensionnement du projet

• Analyse des besoins techniques, des perspectives de développement et d’ouverture sur la société. 
• Proposition de solutions adaptées : atelier de mécanique, espace de stockage, espace de réunion, atelier de transformation, point de vente directe, etc.
• Veille à la cohérence entre la taille du bâtiment, les usages prévus et la capacité d’évolution dans le temps.

3. Montage et financement

• Conseils sur les différentes options juridiques et organisationnelles.
• Aide à la constitution de dossiers de financement (subventions, prêts, partenariats).
• Orientation vers les dispositifs de soutien locaux, régionaux, nationaux ou européens.

4. Mise en œuvre et suivi

• Appui méthodologique pendant la phase de conception et de réalisation.
• Suivi dans la durée pour sécuriser la gestion collective et anticiper les besoins futurs.

Grâce à un accompagnement global et modulable, adapté aux différents projets et aux différents besoins des CUMA,  la FRCUMA Grand Est permet aux collectifs d’agriculteur·rices de concrétiser des projets viables. Des projets porteurs de dynamiques locales et renforçant la coopération au sein des territoires ruraux

Intérêts et réponses aux enjeux agricoles des bâtiments multifonctionnels en CUMA

Consolider la santé économique des exploitations et des CUMA : 

Les exploitations agricoles font face à des coûts croissants (machinisme, énergie, foncier). Les bâtiments collectifs apportent des solutions concrètes :

• Réduction des coûts individuels grâce à la mutualisation des infrastructures (zones de stockage, ateliers de réparation, salles de transformation).
• Diversification des revenus pour la CUMA : atelier mécanique, production d’énergie renouvelable (photovoltaïque, bois énergie), activités pédagogiques. 
• Favorise la diversification pour les exploitations : ateliers de transformation, circuits courts
• Optimisation logistique : meilleure gestion des flux, réduction des pertes de temps et de ressources.

Favoriser l’installation et le renouvellement des actifs et développer l’emploi agricole : 

Un bâtiment agricole multifonctionnel à vocation collective peut rendre l’installation plus accessible aux jeunes agriculteur·rices à faible capital financier, ils permettent : 

• Une mutualisation des coûts : les jeunes agriculteur·rices disposant de peu de capital peuvent accéder plus facilement à des infrastructures modernes.
• Un accompagnement par l’expérience : les collectifs permettent des échanges intergénérationnels, facilitant la transmission des savoir-faire.
• Une amélioration de la qualité de vie au travail : des bâtiments modernes, ergonomiques et partagés renforcent l’attractivité du métier.
• Cela favorise l’emploi partagé en CUMA et améliore leurs conditions de travail. 
• Une formation de potentiel.les futur.es installé·es.

Préserver l’environnement et réduire l’empreinte écologique

La transition agroécologique nécessite des investissements collectifs. Les bâtiments multifonctionnels contribuent à cette transformation :

• Durabilité des pratiques agricoles : mutualisation des équipements, entretien plus rigoureux des machines, réduction des fuites ou pollutions accidentelles.
• Réduction des émissions : moins de déplacements liés à la maintenance ou à la logistique.
• Sobriété foncière : un bâtiment collectif limite l’artificialisation des sols par rapport à plusieurs bâtiments dispersés.
• Production d’énergie renouvelable : le photovoltaïque sur toiture.

Renforcer le lien social et territorial

Ces bâtiments constituent de véritables espaces de vie collective :

• Dynamisation des territoires ruraux : maintien de l’activité agricole, création de nouveaux services, d’emplois et de projets.
• Coopération entre pairs : crée des espaces d’échange de pratiques et de transmission.
• Lutte contre l’isolement : en partageant un lieu de travail entre eux et avec les OPA du territoire, les agriculteur·rices renforcent leurs liens sociaux et professionnels.
• Attractivité des métiers agricoles : en offrant de meilleures conditions de travail, ces projets contribuent à attirer de nouveaux actifs dans la profession.
• Ouverture sur la société : accueille au sein des locaux des associations, écoles etc. qui favorisent la connaissance du métier et renforcent les liens sociaux sur le territoire. 

Quelques exemples concrets

Les projets de bâtiments collectifs en CUMA sont très divers dans leurs usages et dans leur ancrage territorial. Ils constituent autant de réponses adaptées aux réalités locales, illustrant leur rôle de support de projets de territoire.

CUMA Centre-Meuse (55) En lien avec la Maison Familiale Rurale (MFR), dont les élèves viennent se former au bâtiment de la CUMA, le projet de bâtiment collectif intègre un atelier, renforçant les coopérations locales et le rôle pédagogique du site.

CUMA de Beauclair (55) Ce projet bénéficie d’un soutien marqué des collectivités locales, dans une zone où l’emploi est un enjeu prioritaire suite à la fermeture du plus gros employeur du secteur. Il illustre également un engagement en faveur de la sobriété foncière puisqu’il permettra la réhabilitation d’une friche industrielle.

CUMA de Maizières-lès-Vic (57) La CUMA de Maizières-lès-Vic dispose d’un bâtiment de stockage depuis 2017. Accompagnée dans le cadre d’un GIEE et d’un AMI filière manufacture, elle a vu naître un premier bâtiment intégrant un atelier de mécanique, des bureaux, une salle de réunion et de convivialité, une cuisine et des sanitaires. Un second bâtiment a suivi, consacré au stockage, équipé de panneaux photovoltaïques et d’une aire de lavage. Ces infrastructures offrent aujourd’hui un véritable confort de travail, notamment pour le salarié de la CUMA.

CUMA de Gondrecourt (55) Favorisé par une opportunité de financement de l’ANDRA, le projet de bâtiment initié par la CUMA de Gondrecourt a permis de créer une nouvelle dynamique collective. Ce projet illustre parfaitement l’effet levier d’un bâtiment mutualisé sur la cohésion d’un groupe

CUMA de Condé (08) Un exemple particulièrement intéressant pour son atelier de mécanique, essentiel pour la CUMA. Il permet de prolonger la durée de vie des matériels agricoles et d’orienter régulièrement le collectif vers du matériel d’occasion, optimisant ainsi les coûts et privilégiant une gestion plus durable des équipements.

Joris Paroisse